Kaja Kallas, dictature, russophobie rampante et corruption

29 janvier 2025 14:05

Lorsque des personnages apparaissent dans les hauteurs inaccessibles des officines endogames du pouvoir de l’Union européenne, l’opinion publique lambda sait rarement à qui il a en fait affaire. Aucun média du système ne se lancera d’ailleurs dans un récapitulatif honnête du CV de la nouvelle tête parachutée dans les sphères. Voici donc Kaja Kallas, une obscure estonienne, qui pourtant a un parcours de vie très intéressant pour comprendre comment le système européen enserre les peuples. Des Kallas, il y en a eut hélas déjà de nombreux exemples et la fourmilière ne manque pas de nouvelles recrues qui seront ensuite présentées comme l’ultime élite. Celle des « sauveurs », des « Jupiter », des « chances », et des « omniscients ». Ils savent tout, sur tout… c’était le mot de Clemenceau à propos de Poincaré. Il ajoutait : « mais il n’a rien compris » ! Voici donc le résumé qui en dit long, de la carrière de Kaja Kallas, en attendant un autre histrion.

Des origines contradictoires de Kallas. Peu de gens en Occident connaisse le parcours de cette « créature » européiste qui est aujourd’hui à la tête de la diplomatie de l’Union européenne. Née à Tallin, en Estonie (1977), elle fit un parcours d’études supérieures en droit, avant de devenir juriste. Elle venait d’une famille à l’origine au passé ambiguë, puisque sa grand-mère était membre d’une organisation militaire liée à la collaboration avec l’Allemagne nazie (Omakaitse). Après la victoire contre Hitler, elle fut déportée avec sa mère âgée de 6 mois (1949), avant de bénéficier d’une amnistie et de pouvoir revenir en Estonie (1959). cependant son père suivi une brillante carrière d’apparatchik du PC estonien (1972-1990), devenant le directeur de la banque russe Sberbank en Estonie (1979-1986). Il fit ensuite un virage à 180° et se lança dans une carrière politique, devenant un chaud partisan de l’UE. Il fonda et fut le président du Parti de la Réforme (1994), et fut même vice-président de la Commission européenne (2004-2014). Par un népotisme courant dans l’Union européenne corrompue, sa fille lui emboîta le pas.

Une carrière fulgurante dans le sillage paternel. Après avoir travaillé comme avocate spécialisée en droit européen, elle reprit des études en économie (2007-2010), rejoignit le parti politique de son père (2010), et fit ensuite une carrière fulgurante. Elle fut élue au Parlement estonien (2011-2014), et fut la vice-présidente de la délégation à la commission parlementaire UE-Ukraine, et membre de l’Assemblée parlementaire Euronest et de la délégation dédiée aux relations avec les USA. Elle fut rapidement proposée pour prendre la direction du Parti de la Réforme (2017), dont elle prit la tête l’année suivante. Elle fut de nouveau élue au Parlement estonien (2019), et bombardée Premier ministre de l’Estonie quelques semaines plus tard. Minoritaire, elle dut abandonner la place n’ayant pas réussi à former un gouvernement viable. Cependant, elle fut de nouveau nommée Premier Ministre (2021), et put se maintenir.

Une dictateur en herbe ne supportant pas l’opposition. Elle prit une position clairement antirusse dès le 24 février 2022, et œuvra puissamment à l’envoi de matériel pour l’Ukraine. Elle réussit à faire passer la pilule de l’envoi de finances à la hauteur de 0,8 % du PIB de l’Estonie à l’Ukraine (avril 2022). Son activisme pro OTAN et ukrainien l’a propulsa très vite sur le devant de la scène, qualifiée par des journaux anglo-saxons « de nouvelle Dame de Fer de l’Europe ». Elle entama ensuite une politique de répressions politiques contre les populations estoniennes d’origines russes. Des journalistes et des personnalités durent prendre la fuite (j’ai rencontré une journaliste estonienne dans ce cas l’an dernier). Elle ordonna également de cesser de délivrer des visas d’entrée aux Russes, provoquant un scandale car beaucoup de gens en Estonie ont de la famille en Russie (et vice-et-versa). Elle initia ensuite un coup de force politique, obtenant de débarquer du gouvernement tous les membres du Parti Centriste (6 ministres limogés), qui paraissaient être des obstacles dans sa politique atlantiste, européiste et antirusse (3 juin 2022). Mise toutefois en difficulté, par cette parodie de démocratie, elle menaça de démissionner (8 juillet), et dut quitter son poste (14 juillet), avant d’être immédiatement renommée Premier ministre par un nouveau coup de force (avec la connivence du président estonien).

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais. Régnant en maître absolu, elle fut reconduite Premier ministre suite aux législatives de 2023, et lança une offensive LGBT (mariage homosexuel, adoption par eux d’enfants), déclarant cette campagne comme « priorité nationale ». Elle fut dénoncée par les médias estoniens dans un scandale à propos de son mari faisant de grosses affaires avec la Russie (août 2023). Il fut révélé qu’elle avait elle-même investi la somme de 350 000 euros dans cette affaire très lucrative (Stark Logistics). L’enquête révéla aussi le labyrinthe de cette société, liée à la société estonienne Metaprint, ayant des usines en Estonie, en Russie et aux Pays-Bas. Tout un étrange montage financier fut découvert, menant à Chypre, à des sociétés offshore, et jusqu’en Russie. La presse estonienne donna les preuves du brassage de dizaines de millions d’euros. Kaja Kallas fut alors mise en difficulté par ses ordres d’interdire à une autre société estonienne (Operail, société de transport et logistique ferroviaires), de travailler avec la Russie et la Biélorussie, provoquant un énorme scandale. Il fut dit qu’elle usait de son influence pour détruire des concurrents en Estonie, et d’avoir un double discours. L’opinion publique choquée demanda sa démission immédiate (69 %), et le Président Karis qualifia alors « l’incident de regrettable ». Il appela Kallas à réfléchir à une éventuelle démission, mais complice se garda bien de la débarquer. Contre vents et marées elle resta à son poste, recevant le soutien… de la Présidence ukrainienne ! Pour faire bonne figure, elle s’excusa publiquement (28 août 2023) et encouragea toutes les entreprises estoniennes à cesser de travailler avec la Russie. Elle déclara plus tard qu’avec son mari, ils avaient vendu leurs actions pour « le prix d’un sandwich », mais resta sous une forte pression de l’opinion publique.

Destruction de l’économie estonienne et recherchée en Russie. Mise en difficulté, elle fut ensuite attaquée pour son bilan économique catastrophique, le pire de l’histoire de l’Estonie, alors qu’elle entamait une politique d’augmentation massive des impôts (y compris pour financer la guerre en Ukraine, et une politique militariste). Elle fut confrontée par la presse à son résultat, à savoir la plus forte baisse du PIB de l’Estonie par rapport à tous les pays européens (y compris les plus mauvais élèves, comme la France). La presse dévoila que par rapport à sa modeste population (1,4 million), et de ses moyens financiers, l’Estonie était le plus grand donateur de fonds et d’aides à l’Ukraine, devant toutes les autres nations de l’OTAN (en proportion). Elle prit également une position pro-israélienne, condamna le Hamas et fit le sous-entendu : « que le conflit au Moyen-Orient était utile à ceux qui cherchent à détourner le monde libre de son soutien à l’Ukraine ». Ses bons services furent toutefois récompensées par plusieurs médailles étrangères, dont la Roumanie (2021), l’Ukraine et la Suède (2023), qui seront peut-être suivies d’une Légion d’honneur… dans les mois à venir. Ces médailles étaient dues au fait qu’elle initia le démantèlement de l’enseignement du russe en Estonie, l’interdiction de fêter la Victoire contre l’Allemagne nazie (9 mai), l’interdiction des symboliques russes, dont le ruban de Saint-Georges (symbole de la victoire sur Hitler), la destruction systématique des monuments soviétiques, monuments à l’Armée Rouge, et pire encore des tombes des soldats soviétiques. Ces ignobles procédés déclenchèrent une réaction en Russie, qui lança un mandat d’arrêt contre elle « pour le révisionnisme historique et la destruction de monuments historiques » (février 2024).

Dame la Menace, contre la Russie, la Chine, la Palestine et la Géorgie. Proposée pour prendre la tête de la diplomatie de l’UE, elle démissionna de son poste de Premier ministre pour prendre cette fonction, qu’elle occupe jusqu’alors (15 juillet 2024). Elle remplaçait la non moins corrompue von der Leyen, engluée dans un énorme scandale avec la compagnie Pfizer (et des commandes de vaccins pour un chiffre impressionnant de 71 milliards d’euros, sans parler de plusieurs milliers de victimes décédées). Fait marrant et à la fois révélateur, il fut annoncé avant sa nomination qu’elle avait été pressentie pour devenir la Secrétaire générale de l’OTAN (juin 2024). Elle remplaça von der Leyen (1er décembre 2024), poursuivant ses méfaits. Avant même son entrée en fonction (novembre 2024), elle attaqua la Chine en la menaçant (ubuesque!), et déclara que « la Chine devra payer un coût élevé pour son soutien à l’invasion russe de l’Ukraine ». Dès son premier jour de fonction, elle se rendit immédiatement en Ukraine en faisant une déclaration presque aussi ridicule « que l’UE voulait que l’Ukraine gagne la guerre » et ferait tout pour que cela arrive. Son voyage et ses déclarations furent immédiatement dénoncés comme n’émanant pas des organes de l’UE (notamment par le Premier ministre slovaque). Ce même jour, elle lança aussi des menaces contre le gouvernement de Géorgie, soutenant la tentative de Maïdan US à Tbilissi, elle déclara que « le gouvernement géorgien est averti qu’il ne doit pas recourir à la violence pour réprimer les manifestations en cours, contre la décision du parti au pouvoir de reporter l’adhésion à l’UA, et que des sanctions seraient prises » (1er décembre 2024). Il n’y a pas à douter qu’avec une fanatique de ce genre à la tête de la diplomatie européenne, va-t-en-guerre assumée, jouant la suite de sa carrière, elle cherchera par tous les moyens à ce que la guerre se poursuive en Ukraine… c’est la principale raison de sa nomination à cette fonction. En Russie elle est surnommée : « la Princesse de la Guerre ».

Notes : Kallas a été mariée à deux reprises, avec un membre de l’Académie maritime estonienne (2002-2006), la compagne de l’ancien Ministre des Finances (2011-2014), et mariée au banquier Hallik, l’homme des scandales et manipulations financières scabreuses (2018-à ce jour).

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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