Ougledar détruite par l'armée ukrainienne

L’armée ukrainienne a bombardé le monastère de Nikolskoïe et les civils d’Ougledar pendant presque trois ans

Du premier jour de l’opération militaire spéciale, le 24 février 2022, jusqu’à la libération d’Ougledar (une ville située au sud de Donetsk) en octobre 2024, l’armée ukrainienne a bombardé délibérément les civils qui s’y trouvaient, ainsi que le monastère du village de Nikolskoïe, faisant de nombreuses victimes parmi les civils.

Le 30 janvier 2025, nous nous sommes rendus dans le village de Nikolskoïe et la ville d’Ougledar en RPD (République Populaire de Donetsk), afin de discuter avec les civils qui s’y trouvent encore de ce qu’ils ont vécu du début de l’opération militaire spéciale jusqu’à la libération de la ville. Même si le front s’est déplacé plus à l’ouest grâce à la libération récente de Kourakhovo, les deux localités sont toujours à portée de tir de l’artillerie lourde standard OTAN, et surtout des drones FPV ukrainiens. Nous partons donc avec gilets pare-balles, casques, détecteur de drones et fusil de chasse chargé à la chevrotine. Au cas où.

Nous nous rendons d’abord au monastère du village de Nikolskoïe qui a vécu l’enfer de 2022 jusqu’à la libération d’Ougledar en octobre 2024.Pendant tout ce temps, l’armée ukrainienne a délibérément bombardé le monastère en sachant pertinemment qu’il n’y avait là que des nonnes, des prêtres et des civils. L’armée ukrainienne a même bombardé la zone alors que le ministère russe des Situations d’urgence essayait d’évacuer les près de 200 civils qui s’étaient réfugiés dans le monastère.

Voir le reportage sous-titré en français :

La raison pour laquelle le monastère de Nikolskoïe a ainsi été bombardé sans relâche par l’armée ukrainienne est très simple et pourtant terrifiante : parce qu’il appartient à l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou (Église canonique). La guerre de religion en Ukraine contre l’Église orthodoxe canonique est telle, que l’armée ukrainienne bombarde des églises et des monastères jusqu’à ne laisser que des ruines, et des victimes innocentes parmi les civils (huit ont trouvé la mort dans le monastère de Nikolskoïe).

Ce récit me glace le sang, et je contemple pendant un long moment les tombes fraîches faciles à distinguer des autres. Des croix de bois, avec le nom des occupants du monastère tués lors de ces bombardements de l’armée ukrainienne.

Nous reprenons la route, jusqu’à Ougledar. La ville n’est plus que ruines. Je m’attendais à une situation similaire à celle de Marioupol, mais en réalité c’est encore pire. Pas un seul immeuble, pas une seule maison, pas un seul bâtiment (école, magasin, autre) n’est intact. Il n’y a plus que des ruines calcinées, dont une plus ou moins grande partie est manquante ou effondrée.

Comme nous le révéleront les quelques habitants restés sur place, les soldats ukrainiens ont utilisé les appartements et les cours d’immeubles ou d’école comme zone de tir, ou zone de déploiement. Provoquant ainsi des tirs de réponse sur les zones résidentielles où se trouvaient encore de nombreux civils.

Mais la révélation la plus effrayante fut celle du fait que l’armée ukrainienne a non seulement fait en sorte que l’armée russe bombarde les habitations d’Ougledar, mais qu’elle a même été la première à bombarder la ville où elle se trouvait, pour en accuser la Russie, et tenter de faire partir les civils.

Voir le reportage sous-titré en français :

Le 24 février 2022 au matin, alors que la Russie vient tout juste de lancer l’opération militaire spéciale, l’armée ukrainienne tire un missile Tochka-U sur un hôpital d’Ougledar. Ce bombardement fait quatre morts et dix blessés parmi les civils. Sans surprise, l’Occident, Amnesty International en tête, accusent la Russie de ce crime de guerre.

Ougledar Tochka-U

Sauf que comme nous l’ont raconté deux habitantes d’Ougledar restées sur place, c’est bien l’armée ukrainienne qui a tiré ce missile, afin d’effrayer les civils pour qu’ils quittent la ville. Face au manque d’efficacité manifeste de ce crime de guerre, l’armée ukrainienne bombardera dans les mois qui suivent toutes les infrastructures vitales de la ville (aqueduc, gazoduc, lignes électriques) afin d’y rendre la vie impossible. Ils ont même bombardé un groupe de civils qui attendaient devant un magasin pour prendre de l’eau afin d’effrayer les derniers récalcitrants.

Il était clair pour moi depuis longtemps que la Russie n’était en rien responsable de ce crime de guerre, puisque comme je l’avais démontré dans mon article du 8 avril 2022 concernant la frappe d’un missile Tochka-U sur la gare de Kramatorsk, la Russie ne possède plus ce type de missiles depuis 2020, comme l’atteste une publication militaire américaine (elle l’a remplacé par les missiles Iskander bien meilleurs), et la trajectoire du missile permettait de déterminer un point de tir dans une zone sous contrôle ukrainien. Mais l’entendre dans la bouche de ceux qui l’ont vécu en direct, permet de dissiper le moindre doute qui aurait pu persister.

L’armée ukrainienne commet des crimes de guerre de manière systémique, dans le Donbass et ailleurs sur la ligne de front, essayant de les faire passer pour des crimes de guerre de l’armée russe. Mais les preuves et les témoignages s’accumulent, et un jour ceux qui ont commis ces crimes, et donner l’ordre de les commettre devront en répondre.

Christelle Néant

IR

Christelle Néant - Кристель Нэан

Christelle est reporter de guerre dans le Donbass depuis début 2016. Après avoir travaillé pour l'agence DONi, elle fonde le site Donbass Insider en 2018, puis participe à la création de l'agence International Reporters en 2023.

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